A Liège, depuis quelques années, Vincent Chapeau a transformé le rez-de-chaussée de son domicile en galerie. Before the day after est la dernière exposition qu’il y organise. En cette période de crise sanitaire, économique, sociale mais aussi existentielle, il a voulu poser un geste en faveur des artistes et a demandé à l’artiste Djos Janssens d’en être le curateur. Il a réuni autour de lui six artistes qui entretenaient déjà des relation avec la P37 Gallery et leur a demandé de proposer des travaux réalisées pendant le confinement ou en relation étroite avec ce qu’ils avaient vécu pendant ces longues semaines. Son approche privilégie la dimension poétique des oeuvres et leur capacité à nouer entre elles de nouveaux dialogues.
La pièce d’Annick Nölle, une bâche travaillée des deux côtés, est suspendue au centre de l’espace. Côté cour, elle est constellée d’éléments divers : des diagrammes qui figurent un fromage ou un gâteau, des collages de pain ou de fruits, des petits dessins griffonés comme ceux que l’on peut faire en écoutant quelqu’un. Elle ressemble à une nappe après un repas entre amis. Côté rue, sur un fond d’emballages à motifs vichy (comme ceux qu’employent les crêmiers ou les bouchers), on trouve un alignement de gabarits géométriques oranges, un phylactère bleu, deux silhouettes et des mots. Parce que cette oeuvre aborde l’incertitude, la relation à l’autre, l’espoir malgré tout, elle entame le dialogue avec toutes les autres. Sur un écran vertical, un visage de profil est éclairé de rouge et tendu vers le hors-champ. Cette vidéo de Benyamin Perry évoque la proximité d’un visage, la présence de l’autre en tant que peau à toucher, à embrasser.
La peinture de Charlotte Beaudry est constituée de neuf petits panneaux de bois qui prennent le titre et s’inspirent des ‘Nymphéas’ de Monet. Ils sont en noir et blanc et évoquent plutôt les restes calcinés d’un jardin ou l’aridité d’un désert. Le tableau semble s’opposer aux verts et aux bleus de celui de Djos Janssens. Intitulé ‘C’est l’arbre qui cache la forêt’, ce paysaeg évoque à la fois la réclusion et la nécessité de défricher pour accéder à un ailleurs. Les trois petits tableaux de Julien Daffe sont de purs plaisirs de couleurs. Olivier Stevenart a posé un bambou de plâtre entre le sol et le mur. L’objet est à la fois fragile et puissant : bâton magique ou canne pour continuer à avancer. Devant l’impossibilité de sillonner de grands espaces, en références aux Voyages de Gulliver, le duo Dialogist-Kantor a imaginé des ‘petites selles d’appartement’, joyeuses et colorées.