Après l’exposition Falling, lovely and beautiful à Kiosk (Gand) en 2018, avant une exposition prévue en 2020 au BPS22 (Charleroi), l’artiste franco-marocaine Latifa Echakhch (1974), Prix Marcel Duchamp en 2013, propose son premier solo show à Bruxelles à la galerie DVIR.
En s’appuyant sur des références littéraires ou musicales, sur l’histoire – la grande autant que la sienne propre –, sur le lieu où elle travaille ou sur l’actualité, Echakhch utilise des matériaux et des objets quotidiens qu’elle extrait de leur usage habituel et de leur contexte pour s’en approprier. Elle les décompose, elle en masque des aspects, elle les détourne – comme ce vieux manteau qui abrite des étoiles étincelantes. Elle déconstruit les choses et, du champ de ruines qu’elle a créé, quelque chose de nouveau peut se reconstruire. Ainsi à Kiosk, elle montrait une installation faite de copies à l’identique des cloches brisées de la ville de Lübeck, bombardée en 1942, qui entrait en relation avec le son de la vidéo voisine – des notes claires de piano alternant avec la destruction de l’instrument à coups de masse. Elle y montrait aussi une série de dessins à l’encre sur des feuilles de papier journal, où ne subsistaient que les signes de ponctuation. Le texte se transformait ainsi en dessin abstrait. Pour elle, l’artiste doit être un passeur – quelqu’un qui transporte des messages d’une rive à l’autre – et un veilleur – quelqu’un qui décèle les dangers et s’attache à réveiller les consciences.
Son travail peut prendre la forme de sculptures, de peinture, de vidéo ou de photographie. Il fait toujours l’objet d’une installation spécifique au lieu où il est montré, dont il prend en compte le contexte historique et actuel. Ainsi dans son exposition actuelle à la Kunsthalle de Mainz, intitulée Liberty and Tree, Echakhch s’attache à la période historique du rattachement de la ville à la République française et à sa tradition d’arbres de la liberté pour interroger, avec un regard contemporain, la notion de révolution. Son oeuvre se caractérise par une grande économie de moyens, ce qui la rend parfois presque minimale, mais avec toujours un sens aigu de la forme au service d’une vision à la fois conceptuelle et sensible, politique et poétique.